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GR20

Après un cours d'aïkido, autour d'un verre, Christophe demandait si ça n'intéresserait pas quelqu'un de faire de la rando dans les Alpes ou en Corse. 

La veille, j'étais tombé sur une liste de choses que j'aimerais faire, dont le GR20 qui était une rando qui me tentait depuis un moment.
Parcours mythique, il est réputé pour sa beauté, sa difficulté, bref un défi intéressant pour moi.
J'ai donc dit oui et on a organisé ça à la sauvette en moins d'un mois.
N'ayant pas bien étudié le programme et étant pressés par le temps, nous n'avons donc pas forcément pris les bonnes options concernant l'organisation et le déroulement du séjour.
Initialement, je pensais que le GR faisait le tour de la Corse, mais en fait il la traverse du Nord-Ouest au Sud-Est en passant par les sommets du Parc Naturel Régional.
Au début, nous pensions que 10 jours étaient suffisants pour des marcheurs assez bons, mais le parcours est divisé en 15 étapes assez costaud.
Ainsi, en fonction des avions, nous devions partir de Lille pour Bastia et revenir par Ajaccio après 13 jours de marche en choisissant de porter peu et donc de dormir dans les refuges.

Monte Cinto

19.08.2000
C'est le départ.
On prend Christophe chez lui à 10h30 pour être à l'aéroport de Lille-Lesquin à l'heure pour l'avion de 12h15.
A la dernière minute, je décide d'emporter ma petite tente au cas où un refuge serait complet et pour que l'on puisse avoir un minimum d'autonomie.
A l'enregistrement, nos sacs tournent autour de 14 kg sans l'eau (2 L chacun).
Dans l'aéroport, les annonces ne correspondent pas vraiment à la réalité et nous montons dans l'avion sans trop d'avance en demandant où il faut embarquer.
Au changement à Nice, c'est la même chose. L'avion décolle en retard et nous arrivons à Bastia un peu tard pour prendre la navette qui remonte à Bastia pour prendre le bus qui va à Calvi. Heureusement ce même bus passe près de l'aéroport un peu plus tard (en fait on évite un aller-retour). Il nous faut quand même prendre un taxi pour aller à l'arrêt et si nous n'avions pas fait signe au chauffeur, il ne se serait pas arrêté... 100 m plus loin. Ouf ! Après l'arrivée à Calvi, le bus repart pour Calenzana sans poser de problème. Ce petit voyage nous permet de voir un peu à quoi ressemble la Corse (beaucoup de rochers et d'incendies), leurs moeurs sur les routes et leurs publicités (où figure souvent le mot Corse qu'ils semblent bien fortement revendiquer, ce qui n'est pas une surprise). Cette montagne au milieu de la mer me fait penser beaucoup à la Réunion.
On arrive donc sans embûches à Calenzana, village de départ du GR20, avec quand même pas mal de chance.
En arrivant, on va au refuge du village qui s'avère complet, heureusement on a la tente pour dormir à même le sol dur et poussiéreux (pas d'herbe). Après s'être installé, on va se taper un bon plat de pâtes dans un resto du village.
Ensuite, on essaie de dormir sur le sol dur avec un bruit ambiant du tonnerre (voitures, musiques, cris, ...) Le sommeil est souvent entrecoupé, mais bien utile avant le réveil à 5h du mat'.

Chèvres

Christophe et moi


 

 

20.08    Calenzana - Orto di Piebu
Levés à 5h, le temps de remballer, de manger et de se laver, le jour se lève à 6h, mais on ne décolle qu'à 6h15. On remplit les gourdes à la source et on entame une ascension tout de suite au goût du jour : cailloux et montée raide (en fait pas tant que ça par rapport à ce qui nous attend ensuite). 1300 m de dénivelé positif sont au menu en principe en 6h de marche.
Partis parmi les premiers, on monte sans forcer mais de manière efficace et on passe le premier col après 3h de marche avec une avance de 40 min sur l'horaire. Jusque là, nous étions au frais, à l'ombre. Ensuite, ça se corse (c'est le cas de le dire), le sentier prend la forme de rochers d'escalade où les mains sont souvent nécessaires pour grimper. Au bout d'une heure, nous arrivons au deuxième col un peu moins frais et il commence à faire chaud (ceci expliquant cela). Il faut encore continuer une heure avec les pieds qui commencent à chauffer, le genou droit qui n'aime pas les descentes et la faim qui commence à se faire sentir, pour atteindre le refuge à 11h45 dans les premiers.
Une étape rondement menée (5h de marche) qui donne bien le ton du GR20 avec des paysages superbes et au final un état général plutôt satisfaisant.
Ensuite, repas, douche, repos.

Panneau de départ

Après 2h de marche... la baie de Calvi est déjà loin

Refuge d'Orto di Piebu dans le couchant

21.08    Orto di Piebu - Carozzu
Après un sommeil assez difficilement trouvé en de l'heure (21h), de la chaleur et des divers bruits de ronflements, j'ai dormi comme un loir jusqu'à 5h, heure de lever pour cette 2ème étape.
Partis à 6h et quelques, la journée commence par une première montée déjà bien raide puis une petite descente. Après cet échauffement, une montée costaud de 500 m de dénivelé nous mène au 1er col. Jusque là, on a la pêche. Ensuite, une succession de montées et descentes tournent autour des crêtes rocheuses dans un paysage brut et sauvage de montagnes sculptées et nues. Cette partie est assez fatigante.
Ensuite, il reste une grosse descente de 600 m pour rejoindre le refuge. Le chemin est très caillouteux et il faut toujours faire attention de ne pas glisser et de ménager au maximum les genoux. Nous arrivons un peu usés mais sans dommages à 11h30 (5h de marche effective pour 6h30 annoncées).
Après avoir mangé, nous sommes allés repérer la passerelle de Spassimata, peu après le refuge.
Une bonne douche en pleine nature (une palette, un tuyau et des arbres et rochers pour rideau) a fini de nous requinquer.
Dans les refuges, nous pouvons faire connaissance d'autres randonneurs ou de touristes et partager nos impressions.

Descente vers le refuge de Carozzu dans le fond

22.08    Carozzu - Asco
Pour ce 3ème jour (qui me semble être au moins le 15ème), une étape assez courte est prévue (5h30) : une montée d'enfer monstrueuse de 800 m, un col, un deuxième col, puis une maxi descente de 600 m.
En fait, on ne peut plus dire ce qui est difficile de ce qu'il l'est moins car chaque jour il y a une pente plus raide, plus longue ou plus caillouteuse. Le moindre morceau du GR serait marqué comme difficile et dangereux dans une autre randonnée, mais on s'y fait, et plutôt bien car partis à 6h20, nous sommes arrivés à 10h35 en faisant une grosse pause au milieu.
Cette étape était plutôt agréable avec toujours son lot de montagnes et de nature sauvage. La chose embêtante sur ce GR, c'est qu'il n'est pas possible d'admirer le paysage en marchant. Chaque pas doit être négocié ; la moindre inattention fait trébucher dans la seconde qui suit, et il y a beaucoup d'endroits où il ne vaut mieux pas trébucher. Les quelques dizaines de mètres de plat sont d'une rareté appréciable. Par contre, on ne s'ennuie pas ; depuis le départ, la variété des sentiers semble inépuisable et aucun tronçon ne ressemble à un autre. Par contre, toutes ces variations se font autour d'un thème unique : la rocaille. Tous les chemins sont faits de rochers, de dalles ou de cailloux. La difficulté du GR vient en bonne partie de là.
Douche, ravitaillement (hyper cher), resto (super bon et copieux le menu du jour à 95 F), repos.

Passerelle de Spassimata

Lac de la Muvrella

Col avant la descente sur Asco

23.08    Asco - Tighettu - Ciottulu di Mori
Étant donné que nous n'avons que 13 jours, il nous faut doubler deux fois des étapes. On se disait donc que dès que nous nous sentirions prêts et que les étapes le permettraient, nous enchaînerions deux étapes. Aujourd'hui, nous avons donc fait coup double.
Partis à 5h50, une montée de 800 m d'abord douce puis assez raide nous a emmené dans le cirque de la solitude, une des parties les plus impressionnantes de GR. En effet, il s'agit quasiment d'escalade avec des parois à descendre (200 m) et à monter (200 m) en s'agrippant à des chaînes ; il y fait du vent et assez froid. Il y règne une ambiance assez particulière où le temps semble arrêté dans un silence oppressant d'où son nom. Les parois étant raides et les passages vertigineux, on reste très concentré et c'est assez éprouvant nerveusement ; la traversée qui dure 1h30 est assez longue.
Ensuite, une descente de 600 m mène au refuge de Tighettu où nous arrivons à 11h (5h de marche pour 6h annoncées).
Pause de 2h pour manger, se doucher et se reposer.
La descente continue sur 200 m puis nous marchons pour la première fois le long d'une courbe de niveau dans une forêt. La fatigue commence à se faire sentir avant d'entamer une montée de 600 m bien raide qui est terminée dans la difficulté à 17 h (même temps qu'annoncé).
Nous arrivons contents d'avoir fait deux étapes mais bien fatigués. Heureusement pas de bobo. Le cadre est magnifique mais le temps est un peu couvert et il y a du vent donc il fait un peu frais, mais nous sommes quand même à 2000 m.
Repas, douche, dodo.

Vers le cique de la Solitude

Decente dans le cirque de la Solitude

Dans le cirque de la Solitude

Refuge de Ciottulu

24.08    Ciottulu di Mori - Manganu
Aujourd'hui, nous avons eu une panne d'oreiller... jusqu'à 6h.
Nous sommes donc partis vers 7h pour une étape de 8h de marche annoncées.
Au début, la fatigue de la journée précédente se fait un peu sentir. Nous descendons en suivant une rivière puis nous traversons une forêt avant de déboucher sur une station de ski avec un hôtel-bar-restaurant où nous buvons un café qui nous requinque. Ensuite, nous avançons bien en discutant à travers une forêt qui se termine sur un col, puis après quelques méandres entre les crêtes, nous arrivons au lac Nino où nous faisons une pause d'1h15 pour manger.
Il ne nous reste plus qu'à traverser quelques vallées pour aboutir au refuge à 16h15.
C'était une étape assez longue en distance, mais assez facile, sans forts dénivelés. Nous avons même eu plusieurs sentiers sans pierres. De plus, elle était très agréable et d'une variété incroyable.
Au refuge, nous nous sommes baignés dans une vasque fraîche mais revigorante.
Aujourd'hui, il y a eu beaucoup de vent (sur les sommets) et quelques gouttes de pluies passagères.

Lac Nino

Refuge de Manganu

25.08    Manganu - Petra Piana
Départ à 6h10 pour une étape plus courte (annoncée de 6h30). Une pente raide dans les rochers nous élève de 600 m et nous conduit au plus haut point du GR (2260 m). Nous avons démarré sur les chapeaux de roues mais arrivés en haut, Christophe a un méchant coup de barre et la partie sur les crêtes au-dessus des lacs est faite plus tranquillement avant d'entamer la descente de 400 m vers le refuge en courant. Nous sommes arrivés à 11h, nous avons mangé, puis nous sommes descendus à une bergerie 200 m plus bas pour acheter du pain et du fromage (sans les sacs et plein pot dans une pente d'enfer, 14 min pour descendre, 16 min pour remonter ; un petit footing intéressant pour se mettre en jambe). Ensuite, lessive, bain dans les vasques, douche, bronzette.
A quelques km, un feu brûle assez fort, attisé par un vent important et la sécheresse. En arrivant au refuge, le gardien a laissé entendre que le GR serait peut-être fermé à cause du feu qui brûle à deux étape d'où nous sommes. Du coup, un vent de panique a soufflé et tout le monde est parti pour passer au plus vite, mais ce n'est peut-être pas la meilleure idée de foncer vers le feu. Bref, nous sommes plus tranquilles et profitons des étapes courtes.

26.08    Petra Piana - Onda - Col de Vizzavona
Aujourd'hui, nous avons doublé l'étape, mais nous avons pris une variante moins usante pour la première étape annoncée en 4h.

Lac de Capitellu

Fred

Refuge de Petra Piana

Partis vers 6h, nous avons rejoins une crête et l'avons longée en montant puis en redescendant. A 9h30, nous étions au refuge suivant et avons poursuivi par 700 m de montée toujours sur la crête et sommes redescendus sur la plus longue descente du GR (1200 m). En plus de sa longueur fatigante, nous manquions d'eau (faute d'avoir fait le plein à mi-parcours) et sommes arrivés un peu nases à 14h à la buvette de la cascade des anglais. Après avoir bu et mangé, nous avons rejoins le col de Vizzavona pour aller dans refuge de l'hôtel, pas plus cher que les autres mais tout confort avec des chambres de deux (une nuit sans bruit quel bonheur).
Ensuite, après s'être lavés et reposés, nous sommes descendus à Vizzavona (à 40 min plus bas) pour se ravitailler et voir les autres pour avoir des infos sur le GR qui était coupé à cause des incendies. Malheureusement, à part la feuille interdisant l'accès au GR, nous avons eu peu de détails sur l'état d'avancement du feu et les variantes éventuellement possibles à emprunter. Tout le monde a donc émis des hypothèses sans trop savoir ce qu'il était possible de faire et sans prendre de décision.
Nous sommes remontés par une navette de l'hôtel et avons mangé dans un petit resto de spécialités régionales excellent.
Ensuite, nous sommes allés dormir comme des loirs.

Fred fait le point

Sur les crêtes vers Vizzavona ; au loin, le Monte d'Oro

27.08    Vizzavona - Capanelle
Aujourd'hui, nous avons fait la grasse matinée... jusqu'à 6h30. Prêts à 7h30, nous n'avions pris aucune décision sur ce que nous allions faire. Nous voulions éventuellement passer par les crêtes pour éviter la zone d'incendies. Impossible d'avoir des infos auprès des gendarmes ou du Parc Naturel. Certains veulent aller à Ajaccio, d'autres sauter une étape par la route (un mega détour uniquement possible par un moyen de transport). Tout le monde s'affole et regarde inlassablement la carte sans savait quoi faire. A un moment, un groupe passe pour aller faire les crêtes avec toutes les recommandations du patron de leur hôtel sur le sentier à suivre qui est en fait assez bien balisé par des kairns (tas de pierres) et s'avère être l'ancien tracé du GR. Nous nous lançons avec eux puis avant d'entrer sur le sentier, des nuages apparaissent pas loin et défilent au-dessus de nous en nappes brumeuses. Certains croient que c'est de la fumée (alors que le feu est de l'autre côté et qu'il n'y a pas d'odeur) et la psychose reprend de plus belle. Il est 9h quand je me lance avec Frédéric (avec qui nous avions fait route assez souvent depuis le début) en se disant qu'au moindre problème nous ferions demi-tour. Christophe, a préféré ne pas venir et nous nous sommes séparés sans plus de concertation, lui ne voulant pas prendre de risque et moi agacé par la non-décision et voulant continuer le GR (ne sachant pas quoi faire d'autre et ne voulant vraiment pas arrêter sur de simples hypothèses).
En fait, il n'y a pas eu de problème et le chemin n'était pas plus difficile que le GR (juste un vent assez fort et un balisage moins important qu'il fallait bien suivre). Fred (qui comme moi ne voulait pas finir comme ça, préférant avancer et voir sur place, mais ne voulait pas partir seul) et moi sommes donc arrivés au refuge suivant (une station de ski) à 13h30 (nous avons rapidement laissé le groupe avec qui nous sommes partis car ils allaient moins vite et voulaient faire deux étapes le long des crêtes).
Aujourd'hui, j'ai choisi de dormir en tente pour avoir plus de calme, payer moins cher et utiliser ce que je porte sur le dos (très petite pour deux, seul elle est très confortable).

Bergerie des Pozzi

Monte d'Oro

28.08    Capanelle - Prati
Cette nuit, je me suis réveillé assez souvent à cause du vent, du froid ou du sol un peu dur, mais j'ai bien dormi jusqu'à 7h.
Nous sommes partis tranquillement à 8h30 pour une étape assez longue (6h30) mais plutôt plate. La majeure partie se passe en forêt sur des chemins très agréables avec peu de cailloux dans un décor très appréciable. Ce dernier a changé depuis le passage dans la partie Sud du GR : les montagnes sont beaucoup plus boisées, elles sont moins abruptes et les sommets sont enherbés.
Nous avons parcourus cette étape tranquillement pour finir avec une montée de 600 m pas trop raide et rejoindre le refuge un peu plus loin sur la crête à 14h30.
Christophe m'a laissé un message sur mon portable disant qu'il allait faire le mare a mare Sud (autre sentier de randonnée) et que l'on se rejoindrait à la fin du GR. Je finirai donc seul mais en compagnie de Fred. Quelques jours plus tôt, j'avais justement envie d'être un peu seul pour pouvoir être plus libre et pouvoir gérer ma bouffe, mes dépenses et mon emploi du temps comme je le souhaitais (quand on est deux, il faut toujours faire des compromis). Je peux aussi bivouaquer et avoir un espace plus personnel que dans les refuges. En plus, aujourd'hui, il y a de l'herbe. Par contre, des nuages arrivent et nous sommes dans le brouillard ; il ne fait pas chaud.

29.08    Prati - Usciolu
Hier soir, une petite pluie est tombée puis le ciel s'est découvert.

Refuge de Prati

Je n'ai jamais eu froid pendant une nuit ; j'ai dû mettre des chaussettes et un pull et m'emmitoufler dans mon duvet ne laissant dépasser que le nez. Malgré de fréquents réveils, j'ai bien dormi jusqu'à 7h. Nous sommes partis à 8h15 pour une étape le long des crêtes. Le chemin monte et descend puis amorce une montée de 400m dans la forêt pour slalomer à nouveau entre les crêtes et redescendre de 200 m vers le refuge. Nous arrivons à 13h. Cette étape a semblé assez longue et la fatigue des jours et nuits précédents se fait sentir.
Cette fois, j'ai choisi le refuge pour une nuit plus chaude et confortable. Après avoir mangé et pris une douche glaciale, j'ai fait une petite sieste.
Toute la journée, de gros nuages se frottent du côté Est de la montagne bouchant la vue (on aurait dû voir la mer depuis deux jours). Parfois il fait chaud sous le soleil, parfois il fait froid au vent ou dans la brume (et chaque fois que l'on passe d'un côté à l'autre d'une crête, ça change).
Aujourd'hui, je commence à être impatient de terminer le GR, c'est sans doute dû à la fatigue ou à la lassitude ou bien encore l'envie de retrouver un peu de confort, je ne sais pas. En tout cas, tout ici est beau et l'ambiance est très bonne, on peut toujours avoir des discussions intéressantes avec nos compagnons de voyage.

Monte Formicola

Refuge d'Usciolu

Monte Incudine

30.08    Usciolu - Asinao
Une bonne nuit en refuge (exceptée qui tente un record de piqûres sur moi depuis deux jours) me  met en forme pour cette étape parmi les plus longues (7h30) mais particulièrement agréable. Levés à 6h, Fred et moi, ainsi que deux autres couples avec qui nous nous retrouvions après chaque étape depuis Vizzavona, partons à 7h15.
Pour commencer, le sentier longe la crête que nous suivons depuis deux étapes pour redescendre dans le maquis et la forêt et déboucher sur un magnifique plateau herbeux (pozzines). Le plateau traversé, commence l'ascension (600 m) du Monte Incudina (2134 m), sommet le plus haut de Corse du Sud. Arrivés en haut, la vue s'étend dans toutes les directions, mais des nuages et une atmosphère trouble ne nous permet pas de voir la mer à l'horizon (à certaines périodes, il est possible de voir l'Italie et la Sardaigne). Après une bonne pause pour manger, nous redescendons sur 700 m de pente raide et rocheuse pour atteindre le refuge à 14h45.
Une étape très belle et très agréable.
Douche, lessive, repos, bonne nuit en refuge.

En haut du Monte Incudine

Refuge d'Asinao

31.08    Asinao - Paliri
Aujourd'hui, c'était ma dernière véritable étape.
Partis après 7h, c'est une étape de 6h qui commence par une descente jusque la forêt puis nous prenons une variante (dite alpine) par les aiguilles de Bavella (un petit goût de cirque de la solitude mais juste un rappel facile). Le temps était assez incertain : du vent et quelques gouttes, mais heureusement, le ciel se dégage le midi. Nous arrivons au col de Bavella vers 10h30 où nous arrêtons pour boire un pot et nous restaurer jusque 12h30. Murielle et Thierry restent là. Moi, j'y reviendrai le lendemain pour prendre un bus vers Ajaccio, mais je continue jusqu'au refuge suivant pour passer la nuit en compagnie de Frédéric, Gina et Fred (l'autre partie du groupe avec lequel j'étais depuis quelques jours). Je choisis de faire comme ça plutôt que de devoir me dépêcher de faire la dernière étape et galérer pour rejoindre Porto-Vecchio.
Nous arrivons au refuge vers 15h.
Demain, je pars donc à 6h vers Bavella pour prendre un bus à 8h et arriver à Ajaccio vers 10h30. J'y passerai la journée avant d'aller à l'aéroport.

Aiguilles de Bavella

Variante Alpine des aiguilles de Bavella

Le pot d'arrivée au col de Bavella

01.10    Paliri - Col de Bavella - Ajaccio
Levé à 5h, après une excellente dernière nuit en refuge (seul), je dis au revoir à mes compagnons de route et pars à 6h10 sur le chemin de la veille pour rejoindre le col de Bavella. Je prends le bus de 8h10 pour aller à Ajaccio.
En arrivant, j'entreprends de trouver un hôtel pas cher, mais ça n'existe pas à Ajaccio. En même temps, je me dirige vers l'aéroport où j'arrive vers 12h30. Là, après avoir téléphoné à quelques hôtels (prix moyen 400 F), je décide de passer le reste de la journée et la nuit là.
La plage est juste à côté et j'y passe l'après-midi. L'eau et claire et chaude. Les vacances quoi... Du coup, je me suis chopé un bon coup de soleil sur tout le ventre et les épaules (comme ça, il y aura moins de différence avec les bras).
Ensuite, je retrouve Christophe à l'aéroport ; pour lui aussi, la fin de séjour a été géniale avec un autre groupe.
A la tombée de la nuit, nous allons sur la plage pour pique-niquer et passer une nuit plutôt bonne à la belle étoile.
Le lendemain, 7h15 décollage, 10h35 atterrissage à Lille via Marseille où Christophe a failli pommer son billet (décidément les aéroports...)

Refuge de Paliri

Les montagnes de la veille au lever du soleil


 

 

Quelques remarques sur le GR
Le GR20 a la réputation d'être le (ou l'un des) plus difficile d'Europe. Ce n'est sans doute pas pour rien. C'est moins le dénivelé (10 000 m en positif et en négatif au total quand même) que la nature même du sentier qui le rend assez dur. C'est en effet majoritairement des rochers et cailloux qui le constituent. Cela n'autorise pas la moindre inattention (sinon c'est le dérapage et la chute souvent douloureuse). De plus, il faut souvent se servir de ses mains et certaines parties ressemblent un peu à de l'escalade ou à de la désescalade ce qui est plus dur encore surtout avec un sac qui déséquilibre.
Ce sont les quatre premières étapes qui sont dans ce domaine les plus difficiles. La partie Sud (après Vizzavona) est assez différente : les montagnes sont moins raides, moins rocheuses, plus vertes et le parcours est sans doute plus accessible ou moins périlleux.
En effet, faire le GR20 n'est pas donné à tout le monde ; outre une bonne condition physique et une certaine expérience de la randonnée, il ne faut pas avoir le vertige, avoir une bonne résistance (poids du sac, genoux et chevilles très sollicitées dans les descentes) et une bonne motivation. On se rend compte que ceux qui font tout le GR sont souvent soit des bons sportifs, soit des "aventuriers". Ceux pour qui c'est la première expérience de ce type ont des chances d'abandonner après quelques étapes.
Dans un autre registre, on s'aperçoit que sur le GR, il y a une très bonne ambiance entre les randonneurs. Au cours de ces 13 jours, j'ai discuté avec une cinquantaine de personnes et j'ai fait la connaissance d'une quinzaine d'entre elles. Dans les refuges, on n'hésite pas à partager ses impressions, à demander des renseignements, des conseils, à échanger ses points de vue. Cela est sans doute dû au fait que tout le monde est dans la même galère. C'est assez particulier mais très agréable. C'est la première fois que la rando me fait rencontrer autant de personnes (à la limite, si comme moi, vous hésitez à partir seul, ne vous inquiétez pas, durant l'été vous ne serez pas seuls, jusque 180 personnes en jours de pointe, d'ailleurs, il vaut mieux éviter entre le 14 juillet et le 15 août).
En ce qui concerne le temps nécessaire, si c'est possible comme je l'ai fait de faire plusieurs étapes à la fois (certains le font en moins de 10 jours en doublant presque toutes les étapes), c'est quand même plus agréable de le faire tranquillement, quitte à faire un sommet, une liaison vers un village, se baigner ou se reposer après l'étape. Sinon, ça prend vite l'aspect d'une course ou d'une performance, mais tout dépend de l'optique dans laquelle on veut faire le GR.


 


 
 
 
Les aiguilles de Bavella vues du Monte Incudine


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Fabrice SAILLY - Novembre 2000