Après
un cours d'aïkido, autour d'un verre, Christophe demandait si ça
n'intéresserait pas quelqu'un de faire de la rando dans les Alpes
ou en Corse.
La veille, j'étais
tombé sur une liste de choses que j'aimerais faire, dont le GR20
qui était une rando qui me tentait depuis un moment.
Parcours mythique, il est
réputé pour sa beauté, sa difficulté, bref
un défi intéressant pour moi.
J'ai donc dit oui et on
a organisé ça à la sauvette en moins d'un mois.
N'ayant pas bien étudié
le programme et étant pressés par le temps, nous n'avons
donc pas forcément pris les bonnes options concernant l'organisation
et le déroulement du séjour.
Initialement, je pensais
que le GR faisait le tour de la Corse, mais en fait il la traverse du Nord-Ouest
au Sud-Est en passant par les sommets du Parc Naturel Régional.
Au début, nous pensions
que 10 jours étaient suffisants pour des marcheurs assez bons, mais
le parcours est divisé en 15 étapes assez costaud.
Ainsi, en fonction des avions,
nous devions partir de Lille pour Bastia et revenir par Ajaccio après
13 jours de marche en choisissant de porter peu et donc de dormir dans
les refuges. |
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19.08.2000
C'est le départ.
On prend Christophe chez
lui à 10h30 pour être à l'aéroport de Lille-Lesquin
à l'heure pour l'avion de 12h15.
A la dernière minute,
je décide d'emporter ma petite tente au cas où un refuge
serait complet et pour que l'on puisse avoir un minimum d'autonomie.
A l'enregistrement, nos
sacs tournent autour de 14 kg sans l'eau (2 L chacun).
Dans l'aéroport,
les annonces ne correspondent pas vraiment à la réalité
et nous montons dans l'avion sans trop d'avance en demandant où
il faut embarquer.
Au changement à Nice,
c'est la même chose. L'avion décolle en retard et nous arrivons
à Bastia un peu tard pour prendre la navette qui remonte à
Bastia pour prendre le bus qui va à Calvi. Heureusement ce même
bus passe près de l'aéroport un peu plus tard (en fait on
évite un aller-retour). Il nous faut quand même prendre un
taxi pour aller à l'arrêt et si nous n'avions pas fait signe
au chauffeur, il ne se serait pas arrêté... 100 m plus loin.
Ouf ! Après l'arrivée à Calvi, le bus repart pour
Calenzana sans poser de problème. Ce petit voyage nous permet de
voir un peu à quoi ressemble la Corse (beaucoup de rochers et d'incendies),
leurs moeurs sur les routes et leurs publicités (où figure
souvent le mot Corse qu'ils semblent bien fortement revendiquer, ce qui
n'est pas une surprise). Cette montagne au milieu de la mer me fait penser
beaucoup à la Réunion.
On arrive donc sans embûches
à Calenzana, village de départ du GR20, avec quand même
pas mal de chance.
En arrivant, on va au refuge
du village qui s'avère complet, heureusement on a la tente pour
dormir à même le sol dur et poussiéreux (pas d'herbe).
Après s'être installé, on va se taper un bon plat de
pâtes dans un resto du village.
Ensuite, on essaie de dormir
sur le sol dur avec un bruit ambiant du tonnerre (voitures, musiques, cris,
...) Le sommeil est souvent entrecoupé, mais bien utile avant le
réveil à 5h du mat'.
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20.08
Calenzana - Orto di Piebu
Levés à 5h,
le temps de remballer, de manger et de se laver, le jour se lève
à 6h, mais on ne décolle qu'à 6h15. On remplit les
gourdes à la source et on entame une ascension tout de suite au
goût du jour : cailloux et montée raide (en fait pas tant
que ça par rapport à ce qui nous attend ensuite). 1300 m
de dénivelé positif sont au menu en principe en 6h de marche.
Partis parmi les premiers,
on monte sans forcer mais de manière efficace et on passe le premier
col après 3h de marche avec une avance de 40 min sur l'horaire.
Jusque là, nous étions au frais, à l'ombre. Ensuite,
ça se corse (c'est le cas de le dire), le sentier prend la forme
de rochers d'escalade où les mains sont souvent nécessaires
pour grimper. Au bout d'une heure, nous arrivons au deuxième col
un peu moins frais et il commence à faire chaud (ceci expliquant
cela). Il faut encore continuer une heure avec les pieds qui commencent
à chauffer, le genou droit qui n'aime pas les descentes et la faim
qui commence à se faire sentir, pour atteindre le refuge à
11h45 dans les premiers.
Une étape rondement
menée (5h de marche) qui donne bien le ton du GR20 avec des paysages
superbes et au final un état général plutôt
satisfaisant.
Ensuite, repas, douche,
repos.
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21.08
Orto di Piebu - Carozzu
Après un sommeil
assez difficilement trouvé en de l'heure (21h), de la chaleur et
des divers bruits de ronflements, j'ai dormi comme un loir jusqu'à
5h, heure de lever pour cette 2ème étape.
Partis à 6h et quelques,
la journée commence par une première montée déjà
bien raide puis une petite descente. Après cet échauffement,
une montée costaud de 500 m de dénivelé nous mène
au 1er col. Jusque là, on a la pêche. Ensuite, une succession
de montées et descentes tournent autour des crêtes rocheuses
dans un paysage brut et sauvage de montagnes sculptées et nues.
Cette partie est assez fatigante.
Ensuite, il reste une grosse
descente de 600 m pour rejoindre le refuge. Le chemin est très caillouteux
et il faut toujours faire attention de ne pas glisser et de ménager
au maximum les genoux. Nous arrivons un peu usés mais sans dommages
à 11h30 (5h de marche effective pour 6h30 annoncées).
Après avoir mangé,
nous sommes allés repérer la passerelle de Spassimata, peu
après le refuge.
Une bonne douche en pleine
nature (une palette, un tuyau et des arbres et rochers pour rideau) a fini
de nous requinquer.
Dans les refuges, nous pouvons
faire connaissance d'autres randonneurs ou de touristes et partager nos
impressions.
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22.08
Carozzu - Asco
Pour ce 3ème jour
(qui me semble être au moins le 15ème), une étape assez
courte est prévue (5h30) : une montée d'enfer monstrueuse
de 800 m, un col, un deuxième col, puis une maxi descente de 600
m.
En fait, on ne peut plus
dire ce qui est difficile de ce qu'il l'est moins car chaque jour il y
a une pente plus raide, plus longue ou plus caillouteuse. Le moindre morceau
du GR serait marqué comme difficile et dangereux dans une autre
randonnée, mais on s'y fait, et plutôt bien car partis à
6h20, nous sommes arrivés à 10h35 en faisant une grosse pause
au milieu.
Cette étape était
plutôt agréable avec toujours son lot de montagnes et de nature
sauvage. La chose embêtante sur ce GR, c'est qu'il n'est pas possible
d'admirer le paysage en marchant. Chaque pas doit être négocié
; la moindre inattention fait trébucher dans la seconde qui suit,
et il y a beaucoup d'endroits où il ne vaut mieux pas trébucher.
Les quelques dizaines de mètres de plat sont d'une rareté
appréciable. Par contre, on ne s'ennuie pas ; depuis le départ,
la variété des sentiers semble inépuisable et aucun
tronçon ne ressemble à un autre. Par contre, toutes ces variations
se font autour d'un thème unique : la rocaille. Tous les chemins
sont faits de rochers, de dalles ou de cailloux. La difficulté du
GR vient en bonne partie de là.
Douche, ravitaillement (hyper
cher), resto (super bon et copieux le menu du jour à 95 F), repos.
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23.08
Asco - Tighettu - Ciottulu di Mori
Étant donné
que nous n'avons que 13 jours, il nous faut doubler deux fois des étapes.
On se disait donc que dès que nous nous sentirions prêts et
que les étapes le permettraient, nous enchaînerions deux étapes.
Aujourd'hui, nous avons donc fait coup double.
Partis à 5h50, une
montée de 800 m d'abord douce puis assez raide nous a emmené
dans le cirque de la solitude, une des parties les plus impressionnantes
de GR. En effet, il s'agit quasiment d'escalade avec des parois à
descendre (200 m) et à monter (200 m) en s'agrippant à des
chaînes ; il y fait du vent et assez froid. Il y règne une
ambiance assez particulière où le temps semble arrêté
dans un silence oppressant d'où son nom. Les parois étant
raides et les passages vertigineux, on reste très concentré
et c'est assez éprouvant nerveusement ; la traversée qui
dure 1h30 est assez longue.
Ensuite, une descente de
600 m mène au refuge de Tighettu où nous arrivons à
11h (5h de marche pour 6h annoncées).
Pause de 2h pour manger,
se doucher et se reposer.
La descente continue sur
200 m puis nous marchons pour la première fois le long d'une courbe
de niveau dans une forêt. La fatigue commence à se faire sentir
avant d'entamer une montée de 600 m bien raide qui est terminée
dans la difficulté à 17 h (même temps qu'annoncé).
Nous arrivons contents d'avoir
fait deux étapes mais bien fatigués. Heureusement pas de
bobo. Le cadre est magnifique mais le temps est un peu couvert et il y
a du vent donc il fait un peu frais, mais nous sommes quand même
à 2000 m.
Repas, douche, dodo.
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24.08
Ciottulu di Mori - Manganu
Aujourd'hui, nous avons
eu une panne d'oreiller... jusqu'à 6h.
Nous sommes donc partis
vers 7h pour une étape de 8h de marche annoncées.
Au début, la fatigue
de la journée précédente se fait un peu sentir. Nous
descendons en suivant une rivière puis nous traversons une forêt
avant de déboucher sur une station de ski avec un hôtel-bar-restaurant
où nous buvons un café qui nous requinque. Ensuite, nous
avançons bien en discutant à travers une forêt qui
se termine sur un col, puis après quelques méandres entre
les crêtes, nous arrivons au lac Nino où nous faisons une
pause d'1h15 pour manger.
Il ne nous reste plus qu'à
traverser quelques vallées pour aboutir au refuge à 16h15.
C'était une étape
assez longue en distance, mais assez facile, sans forts dénivelés.
Nous avons même eu plusieurs sentiers sans pierres. De plus, elle
était très agréable et d'une variété
incroyable.
Au refuge, nous nous sommes
baignés dans une vasque fraîche mais revigorante.
Aujourd'hui, il y a eu beaucoup
de vent (sur les sommets) et quelques gouttes de pluies passagères.
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25.08
Manganu - Petra Piana
Départ à 6h10
pour une étape plus courte (annoncée de 6h30). Une pente
raide dans les rochers nous élève de 600 m et nous conduit
au plus haut point du GR (2260 m). Nous avons démarré sur
les chapeaux de roues mais arrivés en haut, Christophe a un méchant
coup de barre et la partie sur les crêtes au-dessus des lacs est
faite plus tranquillement avant d'entamer la descente de 400 m vers le
refuge en courant. Nous sommes arrivés à 11h, nous avons
mangé, puis nous sommes descendus à une bergerie 200 m plus
bas pour acheter du pain et du fromage (sans les sacs et plein pot dans
une pente d'enfer, 14 min pour descendre, 16 min pour remonter ; un petit
footing intéressant pour se mettre en jambe). Ensuite, lessive,
bain dans les vasques, douche, bronzette.
A quelques km, un feu brûle
assez fort, attisé par un vent important et la sécheresse.
En arrivant au refuge, le gardien a laissé entendre que le GR serait
peut-être fermé à cause du feu qui brûle à
deux étape d'où nous sommes. Du coup, un vent de panique
a soufflé et tout le monde est parti pour passer au plus vite, mais
ce n'est peut-être pas la meilleure idée de foncer vers le
feu. Bref, nous sommes plus tranquilles et profitons des étapes
courtes.
26.08
Petra Piana - Onda - Col de Vizzavona
Aujourd'hui, nous avons
doublé l'étape, mais nous avons pris une variante moins usante
pour la première étape annoncée en 4h.
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Partis
vers 6h, nous avons rejoins une crête et l'avons longée en
montant puis en redescendant. A 9h30, nous étions au refuge suivant
et avons poursuivi par 700 m de montée toujours sur la crête
et sommes redescendus sur la plus longue descente du GR (1200 m). En plus
de sa longueur fatigante, nous manquions d'eau (faute d'avoir fait le plein
à mi-parcours) et sommes arrivés un peu nases à 14h
à la buvette de la cascade des anglais. Après avoir bu et
mangé, nous avons rejoins le col de Vizzavona pour aller dans refuge
de l'hôtel, pas plus cher que les autres mais tout confort avec des
chambres de deux (une nuit sans bruit quel bonheur).
Ensuite, après s'être
lavés et reposés, nous sommes descendus à Vizzavona
(à 40 min plus bas) pour se ravitailler et voir les autres pour
avoir des infos sur le GR qui était coupé à cause
des incendies. Malheureusement, à part la feuille interdisant l'accès
au GR, nous avons eu peu de détails sur l'état d'avancement
du feu et les variantes éventuellement possibles à emprunter.
Tout le monde a donc émis des hypothèses sans trop savoir
ce qu'il était possible de faire et sans prendre de décision.
Nous sommes remontés
par une navette de l'hôtel et avons mangé dans un petit resto
de spécialités régionales excellent.
Ensuite, nous sommes allés
dormir comme des loirs.
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27.08
Vizzavona - Capanelle
Aujourd'hui, nous avons
fait la grasse matinée... jusqu'à 6h30. Prêts à
7h30, nous n'avions pris aucune décision sur ce que nous allions
faire. Nous voulions éventuellement passer par les crêtes
pour éviter la zone d'incendies. Impossible d'avoir des infos auprès
des gendarmes ou du Parc Naturel. Certains veulent aller à Ajaccio,
d'autres sauter une étape par la route (un mega détour uniquement
possible par un moyen de transport). Tout le monde s'affole et regarde
inlassablement la carte sans savait quoi faire. A un moment, un groupe
passe pour aller faire les crêtes avec toutes les recommandations
du patron de leur hôtel sur le sentier à suivre qui est en
fait assez bien balisé par des kairns (tas de pierres) et s'avère
être l'ancien tracé du GR. Nous nous lançons avec eux
puis avant d'entrer sur le sentier, des nuages apparaissent pas loin et
défilent au-dessus de nous en nappes brumeuses. Certains croient
que c'est de la fumée (alors que le feu est de l'autre côté
et qu'il n'y a pas d'odeur) et la psychose reprend de plus belle. Il est
9h quand je me lance avec Frédéric (avec qui nous avions
fait route assez souvent depuis le début) en se disant qu'au moindre
problème nous ferions demi-tour. Christophe, a préféré
ne pas venir et nous nous sommes séparés sans plus de concertation,
lui ne voulant pas prendre de risque et moi agacé par la non-décision
et voulant continuer le GR (ne sachant pas quoi faire d'autre et ne voulant
vraiment pas arrêter sur de simples hypothèses).
En fait, il n'y a pas eu
de problème et le chemin n'était pas plus difficile que le
GR (juste un vent assez fort et un balisage moins important qu'il fallait
bien suivre). Fred (qui comme moi ne voulait pas finir comme ça,
préférant avancer et voir sur place, mais ne voulait pas
partir seul) et moi sommes donc arrivés au refuge suivant (une station
de ski) à 13h30 (nous avons rapidement laissé le groupe avec
qui nous sommes partis car ils allaient moins vite et voulaient faire deux
étapes le long des crêtes).
Aujourd'hui, j'ai choisi
de dormir en tente pour avoir plus de calme, payer moins cher et utiliser
ce que je porte sur le dos (très petite pour deux, seul elle est
très confortable).
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28.08
Capanelle - Prati
Cette nuit, je me suis réveillé
assez souvent à cause du vent, du froid ou du sol un peu dur, mais
j'ai bien dormi jusqu'à 7h.
Nous sommes partis tranquillement
à 8h30 pour une étape assez longue (6h30) mais plutôt
plate. La majeure partie se passe en forêt sur des chemins très
agréables avec peu de cailloux dans un décor très
appréciable. Ce dernier a changé depuis le passage dans la
partie Sud du GR : les montagnes sont beaucoup plus boisées, elles
sont moins abruptes et les sommets sont enherbés.
Nous avons parcourus cette
étape tranquillement pour finir avec une montée de 600 m
pas trop raide et rejoindre le refuge un peu plus loin sur la crête
à 14h30.
Christophe m'a laissé
un message sur mon portable disant qu'il allait faire le mare a mare Sud
(autre sentier de randonnée) et que l'on se rejoindrait à
la fin du GR. Je finirai donc seul mais en compagnie de Fred. Quelques
jours plus tôt, j'avais justement envie d'être un peu seul
pour pouvoir être plus libre et pouvoir gérer ma bouffe, mes
dépenses et mon emploi du temps comme je le souhaitais (quand on
est deux, il faut toujours faire des compromis). Je peux aussi bivouaquer
et avoir un espace plus personnel que dans les refuges. En plus, aujourd'hui,
il y a de l'herbe. Par contre, des nuages arrivent et nous sommes dans
le brouillard ; il ne fait pas chaud.
29.08
Prati - Usciolu
Hier soir, une petite pluie
est tombée puis le ciel s'est découvert.
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Je
n'ai jamais eu froid pendant une nuit ; j'ai dû mettre des chaussettes
et un pull et m'emmitoufler dans mon duvet ne laissant dépasser
que le nez. Malgré de fréquents réveils, j'ai bien
dormi jusqu'à 7h. Nous sommes partis à 8h15 pour une étape
le long des crêtes. Le chemin monte et descend puis amorce une montée
de 400m dans la forêt pour slalomer à nouveau entre les crêtes
et redescendre de 200 m vers le refuge. Nous arrivons à 13h. Cette
étape a semblé assez longue et la fatigue des jours et nuits
précédents se fait sentir.
Cette fois, j'ai choisi
le refuge pour une nuit plus chaude et confortable. Après avoir
mangé et pris une douche glaciale, j'ai fait une petite sieste.
Toute la journée,
de gros nuages se frottent du côté Est de la montagne bouchant
la vue (on aurait dû voir la mer depuis deux jours). Parfois il fait
chaud sous le soleil, parfois il fait froid au vent ou dans la brume (et
chaque fois que l'on passe d'un côté à l'autre d'une
crête, ça change).
Aujourd'hui, je commence
à être impatient de terminer le GR, c'est sans doute dû
à la fatigue ou à la lassitude ou bien encore l'envie de
retrouver un peu de confort, je ne sais pas. En tout cas, tout ici est
beau et l'ambiance est très bonne, on peut toujours avoir des discussions
intéressantes avec nos compagnons de voyage.
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30.08
Usciolu - Asinao
Une bonne nuit en refuge
(exceptée qui tente un record de piqûres sur moi depuis deux
jours) me met en forme pour cette étape parmi les plus longues
(7h30) mais particulièrement agréable. Levés à
6h, Fred et moi, ainsi que deux autres couples avec qui nous nous retrouvions
après chaque étape depuis Vizzavona, partons à 7h15.
Pour commencer, le sentier
longe la crête que nous suivons depuis deux étapes pour redescendre
dans le maquis et la forêt et déboucher sur un magnifique
plateau herbeux (pozzines). Le plateau traversé, commence l'ascension
(600 m) du Monte Incudina (2134 m), sommet le plus haut de Corse du Sud.
Arrivés en haut, la vue s'étend dans toutes les directions,
mais des nuages et une atmosphère trouble ne nous permet pas de
voir la mer à l'horizon (à certaines périodes, il
est possible de voir l'Italie et la Sardaigne). Après une bonne
pause pour manger, nous redescendons sur 700 m de pente raide et rocheuse
pour atteindre le refuge à 14h45.
Une étape très
belle et très agréable.
Douche, lessive, repos,
bonne nuit en refuge.
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31.08
Asinao - Paliri
Aujourd'hui, c'était
ma dernière véritable étape.
Partis après 7h,
c'est une étape de 6h qui commence par une descente jusque la forêt
puis nous prenons une variante (dite alpine) par les aiguilles de Bavella
(un petit goût de cirque de la solitude mais juste un rappel facile).
Le temps était assez incertain : du vent et quelques gouttes, mais
heureusement, le ciel se dégage le midi. Nous arrivons au col de
Bavella vers 10h30 où nous arrêtons pour boire un pot et nous
restaurer jusque 12h30. Murielle et Thierry restent là. Moi, j'y
reviendrai le lendemain pour prendre un bus vers Ajaccio, mais je continue
jusqu'au refuge suivant pour passer la nuit en compagnie de Frédéric,
Gina et Fred (l'autre partie du groupe avec lequel j'étais depuis
quelques jours). Je choisis de faire comme ça plutôt que de
devoir me dépêcher de faire la dernière étape
et galérer pour rejoindre Porto-Vecchio.
Nous arrivons au refuge
vers 15h.
Demain, je pars donc à
6h vers Bavella pour prendre un bus à 8h et arriver à Ajaccio
vers 10h30. J'y passerai la journée avant d'aller à l'aéroport.
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01.10
Paliri - Col de Bavella - Ajaccio
Levé à 5h,
après une excellente dernière nuit en refuge (seul), je dis
au revoir à mes compagnons de route et pars à 6h10 sur le
chemin de la veille pour rejoindre le col de Bavella. Je prends le bus
de 8h10 pour aller à Ajaccio.
En arrivant, j'entreprends
de trouver un hôtel pas cher, mais ça n'existe pas à
Ajaccio. En même temps, je me dirige vers l'aéroport où
j'arrive vers 12h30. Là, après avoir téléphoné
à quelques hôtels (prix moyen 400 F), je décide de
passer le reste de la journée et la nuit là.
La plage est juste à
côté et j'y passe l'après-midi. L'eau et claire et
chaude. Les vacances quoi... Du coup, je me suis chopé un bon coup
de soleil sur tout le ventre et les épaules (comme ça, il
y aura moins de différence avec les bras).
Ensuite, je retrouve Christophe
à l'aéroport ; pour lui aussi, la fin de séjour a
été géniale avec un autre groupe.
A la tombée de la
nuit, nous allons sur la plage pour pique-niquer et passer une nuit plutôt
bonne à la belle étoile.
Le lendemain, 7h15 décollage,
10h35 atterrissage à Lille via Marseille où Christophe a
failli pommer son billet (décidément les aéroports...)
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Quelques
remarques sur le GR
Le GR20 a la réputation
d'être le (ou l'un des) plus difficile d'Europe. Ce n'est sans doute
pas pour rien. C'est moins le dénivelé (10 000 m en positif
et en négatif au total quand même) que la nature même
du sentier qui le rend assez dur. C'est en effet majoritairement des rochers
et cailloux qui le constituent. Cela n'autorise pas la moindre inattention
(sinon c'est le dérapage et la chute souvent douloureuse). De plus,
il faut souvent se servir de ses mains et certaines parties ressemblent
un peu à de l'escalade ou à de la désescalade ce qui
est plus dur encore surtout avec un sac qui déséquilibre.
Ce sont les quatre premières
étapes qui sont dans ce domaine les plus difficiles. La partie Sud
(après Vizzavona) est assez différente : les montagnes sont
moins raides, moins rocheuses, plus vertes et le parcours est sans doute
plus accessible ou moins périlleux.
En effet, faire le GR20
n'est pas donné à tout le monde ; outre une bonne condition
physique et une certaine expérience de la randonnée, il ne
faut pas avoir le vertige, avoir une bonne résistance (poids du
sac, genoux et chevilles très sollicitées dans les descentes)
et une bonne motivation. On se rend compte que ceux qui font tout le GR
sont souvent soit des bons sportifs, soit des "aventuriers". Ceux pour
qui c'est la première expérience de ce type ont des chances
d'abandonner après quelques étapes.
Dans un autre registre,
on s'aperçoit que sur le GR, il y a une très bonne ambiance
entre les randonneurs. Au cours de ces 13 jours, j'ai discuté avec
une cinquantaine de personnes et j'ai fait la connaissance d'une quinzaine
d'entre elles. Dans les refuges, on n'hésite pas à partager
ses impressions, à demander des renseignements, des conseils, à
échanger ses points de vue. Cela est sans doute dû au fait
que tout le monde est dans la même galère. C'est assez particulier
mais très agréable. C'est la première fois que la
rando me fait rencontrer autant de personnes (à la limite, si comme
moi, vous hésitez à partir seul, ne vous inquiétez
pas, durant l'été vous ne serez pas seuls, jusque 180 personnes
en jours de pointe, d'ailleurs, il vaut mieux éviter entre le 14
juillet et le 15 août).
En ce qui concerne le temps
nécessaire, si c'est possible comme je l'ai fait de faire plusieurs
étapes à la fois (certains le font en moins de 10 jours en
doublant presque toutes les étapes), c'est quand même plus
agréable de le faire tranquillement, quitte à faire un sommet,
une liaison vers un village, se baigner ou se reposer après l'étape.
Sinon, ça prend vite l'aspect d'une course ou d'une performance,
mais tout dépend de l'optique dans laquelle on veut faire le GR.
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